Cette Revue de Politique & Pratique (RPP) est un post-scriptum aux célébrations du Jubilée d’Or de la création de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) et au 21ème Sommet de l’Union Africaine (UA) qui se sont tenus í Addis Abeba, en Ethiopie, du 19 au 27 mai 2013. Il retrace les réalisations et autres succès de l’architecture africaine en matière de paix et de sécurité, prenant en compte les contraintes et difficultés inhérentes au contexte actuel de quête de la paix sur le continent. L’argument principal de cet article est que l’euphorie africaine relative í la croissance économique récente du continent ne devrait pas être exagérée compte tenu des graves problèmes sociaux, économiques et politiques auxquels le continent fait encore face. En outre, les dirigeants africains devront mettre en place des critères bien définis concernant leurs efforts collectifs, y compris en ce qui concerne les efforts de l’UA í répondre aux situations de paix et de sécurité. L’article propose quelques recommandations sur lesquelles l’UA devra s’atteler dans le cadre de son Agenda 2063 – la vision de l’UA pour les 50 prochaines années. L’UA devra construire des sociétés égalitaires, observer ses propres normes et règles en matière de paix et de démocratie ainsi qu’inscrire ses activités dans une perspective de long terme.
Les célébrations du Jubilée d’Or de l’OUA/UA ont donné lieu í des analyses, des discours, des rapports et observations sur l’histoire de l’OUA et les orientations de l’UA. L’Afrique traverse une période d’optimisme relatif, avec des perspectives encourageantes en matière de croissance économique, relayant une période de démocratisation. L’UA a mis í profit sa première décennie d’existence pour introduire de nouvelles normes de non-indifférence et de transfert pacifique et démocratique du pouvoir – lesquelles normes sont renforcées par les doctrines contenues dans une variété d’instruments juridiques. En vue d’opérationnaliser ces nouvelles normes, l’UA a mis en place l’Architecture Africaine de Paix et de Sécurité (AAPS). Ladite architecture comprend l’UA et sa commission, les communautés économiques régionales ou mécanismes régionaux (CER/MR), le Conseil de Paix et de Sécurité (CPS), le Système Continental d’Alerte Rapide (SCAR), la Force Africaine en Attente (FAA), le Groupe des Sages et le Fonds pour la Paix. L’architecture est sensée permettre une coopération et une coordination horizontales et verticales aux niveaux national, sous-régional, inter-régional et continental. L’AAPS peut faire de grandes réalisations si elle arrive í travailler de manière systématique et crédible. Cependant, la plupart des efforts de l’UA continueront í faire face í des problèmes si les gouvernements des Etats membres ne parviennent pas í développer leur capacité í Å“uvrer pour plus de paix sur le continent.1 Les pays africains ont pu mettre en place un partenariat louable et historique, quand bien même d’importants défis environnementaux, démographiques, économiques et politiques continueront í mesurer leur capacité de réaliser les promesses de l’UA.
Le 50ème anniversaire de l’OUA a coïncidé avec le passage de l’Afrique d’une perception répandue de pessimisme vers un certain optimisme relatif. Les pays africains sub-sahariens comptent parmi les économies les plus prometteuses au monde.2 La Tendance Economique Mondiale 2013 de la Banque Mondiale pour l’Afrique sub-saharienne indique qu’un tiers des économies de la région ont enregistré une croissance d’environ 6% en 2012. Les causes de cette croissance comprennent: «une forte demande domestique, les flots continus de transferts d’argent, les prix élevés des matières premières et le volume élevé d’exportation (grí¢ce aux flots élevés d’investissements dans le secteur des ressources naturelles dans les dernières années)».3 Si ces conditions persistent, cette performance économique est sensée se poursuivre. La croissance s’est poursuivie dans la région malgré la crise économique mondiale qui a commencé en 2008. La proportion des personnes vivant avec moins de US$1,15 par jour a décru de 56,5% en 1990 í 47,5% en 2008.4 La Présidente de la Commission de l’UA, Dr Nkosazana Dlamini-Zuma, a en effet indiqué que «les perspectives de développement du continent paraissent plus encourageantes que jamais aupravant».5
Dans son discours devant le Troisième Parlement Panafricain, le 8 mai 2013, Dlamini-Zuma soulignait que l’investissement public dans le domaine de l’infrastructure en Afrique, la part du continent en ce qui concerne l’investissement extérieur direct (IED), le progrès en termes de connectivité dans le secteur des télécommunications ainsi que les investissements par les Africains en Afrique sont en pleine croissance. Elle a aussi expliqué que les gouvernements africains financent 65% de coí»ts de leur infrastructure alors que le secteur privé contribue 25%; la part de l’Afrique dans l’IED mondial avoisinait 25% en 2011; les Africains contribuent 17% de projets d’IED sur le continent; l’Afrique passe désormais pour le deuxième marché le plus large au monde en matière de téléphones cellulaires; et que les guerres et conflits ont connu une baisse au cours de la dernière décennie.
Le Rapport sur la Sécurité Humaine 2012 observe que l’Afrique sub-saharienne restait «la région la plus dangereuse du monde au cours de la décennie 1990», principalement í cause des conflits étatiques dans lesquels le gouvernement en place était l’une de parties au conflit.6 Cependant, le taux de décès relatifs aux combats a diminué de 90% depuis l’année 2000. La majorité de décès au cours de la décennie 1990 étaient causés par cinq conflits, chacun ayant «entrainé la mort d’au moins 10 000 personnes par an í une certaine phase du conflit».7 Quatre de ces conflits furent des guerres civiles – deux en Ethiopie, une en Angola, une en République Démocratique du Congo (RDC) – et un autre fut un conflit international entre l’Ethiopie et l’Erythrée. Tous ces conflits ont presque cessé depuis l’année 2002. Le Rapport sur la Sécurité Humaine souligne également que la plupart des décès au cours de la décennie 1990 étaient causés par des violences asymétriques oí¹ des populations civiles furent ciblées par des groups armés. Dans cette dernière catégorie, le génocide rwandais en 1994 et le conflit en RDC en 1996 furent í la base de la croissance générale du nombre de décès. Sans nul doute, les tendances positives récemment observées devraient galvaniser les efforts continus pour sortir l’Afrique de son triste passé – vers un avenir glorieux.
Créée en 1963, l’OUA était l’auteur de sa propre histoire – le triomphe africain sur le colonialisme et l’apartheid. Trente-neuf après, les peuples africains ont établi l’UA afin d’amorcer le prochain chapitre de la conquête africaine contre la pauvreté et la marginalisation. La libération et la solidarité qui furent mobilisées dans le combat contre le colonialisme en 1963 sont également mises en contribution pour la Renaissance africaine depuis la fin de l’apartheid en 1994.
Au moment du lancement de l’UA en 2002, les perspectives continentales en matière de résolution des conflits intra-étatiques restaient incertaines. L’Afrique avait connu une série de coups d’état, avec un total de 43% de tous les coups d’état au monde.8 Il n’était donc pas surprenant que l’UA s’était assigné des objectifs ambitieux en matière de résolution des conflits. Dans ce contexte, les normes de non-indifférence et de transfert pacifique et démocratique du pouvoir paraissent fondamentales. Le socle de ces normes git dans l’Acte Constitutif de l’UA, le CPS (2002) et le Pacte de Non-Agression et de Défense Commune (2005).
Des observateurs tels que Musifiky Mwanasali sont d’avis que le droit de non-indifférence contenu dans l’Article 4 de l’Acte Constitutif constitue la transition fondamentale de l’ancienne OUA í la nouvelle UA.9 Ledit article confère í l’organisation continentale le droit d’intervenir dans un pays membre consécutivement í une décision de l’Assemblée concernant des circonstances graves, notamment les crimes de guerre, le génocide et les crimes contre l’humanité (Article 4h).10 Les Etats membres de l’UA peuvent «requérir l’intervention de l’Union en vue de restaurer la paix et la sécurité» (Article 4j).
La norme relative au transfert pacifique et démocratique du pouvoir est davantage renforcée par d’autres instruments juridiques tels que la Charte de l’UA sur la Démocratie, les Elections et la Bonne Gouvernance (2007) í travers laquelle les gouvernements africains s’engagent í garantir la participation de la population dans les questions de gouvernance. Elle exige que les Etats adoptent des cultures démocratiques et institutionnalisent le principe de contrôle civil sur l’armée et/ou les forces de sécurité. Elle oblige les Etats Membres í sanctionner les changements anticonstitutionnels des gouvernements africainset í tenir des élections régulières, transparentes, libres et justes.
Le Protocole Relatif í l’Etablissement du Conseil de Paix et de Securite adopté en 2002 et entré en vigueur en décembre 2003 créa le CPS. Le CPS est en mesure d’entreprendre des actions et d’organiser une intervention collective de l’UA en cas de graves violations des droits de l’homme et de changement anticonstitutionnel du gouvernement. Au mois de mai 2013, 47 pays avaient déjí signé et ratifié le Protocole. Jusqu’í ce jour, le CPS a pu tenir plus de réunions que son prédécesseur – l’Organe Central de l’OUA. Il n’existe pas de droit de veto permanent au sein du CPS. Tous les membres du CPS sont élus par leurs pairs, avec 10 membres élus pour un mandat de deux ans et cinq pour un mandat de trois ans. Plus de deux tiers des Etats Membres de l’UA ont pu siéger í un moment ou í un autre au sein du CPS, lequel organe a pu autoriser des médiations, des concertations, des sanctions et des opérations de paix – y compris le déploiement de troupes de maintien de la paix au Burundi, au Darfour, aux Comores, en Somalie et, en 2013, au Mali.11 Au cours de la dernière décennie, les délibérations du CPS ont mené í la suspension de la République Centrafricaine (RCA), de la Guinée-Bissau, du Madagascar, de la Mauritanie et du Togo pour changement anticonstitutionnel de gouvernement. Les gouvernements de la RCA, de Guinée-Bissau et de Madagascar ont été empêchés de participer au 21ème Sommet de l’UA tenu du 25 au 27 mai 2013.12
Les normes de non-indifférence et de transfert pacifique et démocratique du pouvoir revêtent désormais un caractère doctrinaire et sont suffisamment développées dans la structure institutionnelle de l’AAPS. Elles continuent í être mises en pratique, quoique de manière asymétrique. Comme Paul Williams, un nombre d’analystes ont observé que – l’Article 4j de l’Acte Constitutif – qui confère í l’UA le droit d’intervenir sans le consentement du pays hôte – n’a jamais été évoqué. La petite histoire de non-indifférence de l’UA a été propulsé par des régimes consentants et non par la volonté de pays voisins ou encore d’autres acteurs tels que la société civile. Ainsi que l’affirme Williams, «í ce jour, toutes les opérations de paix de l’UA ont été menées sur invitation des autorités des pays hôte».13
Comme souligné plus haut, l’Afrique traverse une période d’optimisme, avec des perspectives encourageantes de croissance économique faisant suite í une décennie continue de démocratisation. Cependant, l’optimisme généré par la réalisation du Jubilée d’Or de l’UA fut occulté par un nombre de problèmes démographiques, environnementaux, économiques et politiques auxquels le continent fait face.
L’implosion de ce qui est généralement considéré comme le «boom juvénile» dans la plupart des pays africains coïncide avec d’autres tendances effroyables. Les jeunes représentent plus ou moins 60% des «sans emploi» en Afrique, avec en moyenne 200 millions de personnes í¢gées entre 15 et 24 ans en quête d’emploi. D’ici 2045, ce nombre devrait doubler. Une forte croissance de la population juvénile peut être un catalyseur du développement social. Cependant, en ce qui concerne l’Afrique, beaucoup estiment qu’une telle croissance – combinée avec les pressions climatiques sur la production alimentaire ainsi que d’autres modes d’activité économique – pourrait contribuer í la montée des manifestations, des émeutes, des protestations sociales, du terrorisme et même des conflits armés. Toutes ces situations de préoccupation trouvent leur substance dans la forte croissance de l’urbanisation et les mouvements en masse des populations juvéniles vers les villes et autres agglomérations urbaines oí¹ ils éprouvent des difficultés í trouver de l’emploi. En termes clairs, le continent africain fait face í une urbanisation rapide; 52 villes africaines ont chacune une population de plus d’un million d’habitants. D’ici 2030, 50% d’Africains vivront dans ces centres urbains. Nonobstant la croissance économique continue dans certains pays africains, les économies du continent restent parmi les moins compétitives selon l’Index de Compétitivité Mondiale (ICM). L’Afrique abrite14 des 20 pires économies au monde. Ces économies restent de loin moins performantes par rapport aux indicateurs du développement humain. Le tout dernier rapport du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) indiquait qu’un Africain sur quatre est malnutri et que, «malgré une certaine amélioration depuis la moitié des années 1990, plusieurs gouvernements africains continuent í asphyxier l’agriculture locale avec des taxes élevées et arbitraires tout en accordant des subventions, des exemptions et autres appuis macro-économiques aux autres secteurs».15 La plupart des pays africains sont importateurs de produits alimentaires puisque leurs économies ne sont pas suffisamment diversifiées. Les projections alléchantes de croissance économique sont en réalité fondées dans une large mesure sur les exportations pétrolières et minérales qui constituent plus de la moitié des exportations totales du continent. Plusieurs pays doivent encore mettre en Å“uvre la réglementation nécessaire et fournir l’appui requis au secteur privé en vue de stimuler la création d’emplois. Une portion importante de leurs populations n’a pas encore accès aux bénéfices de la croissance économique ou encore í ceux relatifs aux nouveaux partenariats commerciaux avec des pays tels que la Chine et l’Inde. En effet, dans plusieurs sociétés riches en ressources – y compris la Zambie avec ses mines de cuivre ainsi que le Delta du Niger riche en pétrole – la demande extérieure n’a pas nécessairement conduit í une amélioration significative dans les secteurs de la santé, de la sécurité sociale, de l’éducation, des infrastructures ou encore d’opportunités d’emplois.16
Le Rapport de Compétitivité Mondiale 2013-2014 du Forum Economique Mondial a fait remarquer que la part du secteur de la manufacture dans le Produit Intérieur Brut (PIB) en Afrique est restée dans une large mesure inchangée depuis la décennie 1970 et que plus de deux tiers de la main-d’Å“uvre est employée dans le secteur agricole, ce qui signifie qu’il n’y a eu qu’une transformation structurelle limitée dans les trois dernières décennies.17 Le Sondage Exécutif d’Opinion du rapport souligne que les dirigeants d’entreprises et les investisseurs en Afrique sont pour la plupart anxieux en ce qui concerne l’accès aux finances et les obstacles dans le domaine des affaires sur le continent, généralement causés par la corruption. Le rapport estime également que:
ces informations relatives í la compétitivité du continent nous poussent í nous demander si, quand bien même ils continuent í enregistrer des taux élevés de croissance économique, les pays africains opèrent les types d’investissements et mettent en Å“uvre des politiques susceptibles de permettre í leurs économies de connaí®tre des croissances durables, créatrices d’emplois et inclusives de la population juvénile.18
Depuis 2009, plusieurs pays d’Afrique sub-saharienne ont connu des épisodes de protestations sociales – notamment l’Angola, le Benin, le Botswana, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Djibouti, le Gabon, le Malawi, le Mozambique, le Sénégal, l’Afrique du Sud, le Swaziland et l’Ouganda.19 Les catalyseurs de ces manifestations sont entre autres la montée des prix des produits alimentaires, pétroliers et du transport; la corruption et la provision inadéquate des services sociaux; le taux élevé de chômage et les mauvaises conditions de travail; les disputes électorales ainsi que les demandes de reformes politiques.20 Le spectre de l’instabilité reste une préoccupation majeure. Par ailleurs, au-delí des manifestations non-violentes, une combinaison de multiples facteurs causaux pourrait accroí®tre la probabilité de violences armées. La présence d’une large population juvénile sans emploi, les pressions sur l’environnement et les cycles d’insécurité alimentaire et d’opportunités économiques inégales pourraient contribuer í cette éventualité.
Une nouvelle recherche menée par Urdal et Hoelscher (2012)21 a révélé que le désordre social urbain – évènements politiques violents et non-violents tendant í défier l’autorité politique – est souvent associé í de faibles taux de croissance économique ainsi qu’í des régimes démocratiques hybrides. Dans ladite étude, les régimes hybrides sont définis par le Projet Polity IV comme étant des régimes possédant une combinaison de caractéristiques démocratiques et autoritaires, dans lesquels les règles de pratique démocratique sont en place, mais oí¹ les institutions démocratiques sont également faibles et les libertés politiques sont également limitées. En observant 55 grandes villes (dont 23 en Afrique sub-saharienne et 32 en Asie centrale et de l’Est) dans 49 pays différents sur la période 1960–2009, Urdal et Hoelscher ont trouvé que le désordre social urbain était plus probable dans un contexte de ralentissement de croissance économique dans des régimes hybrides au sein desquels l’élite au pouvoir s’y maintenait malgré le caractère compétitif de la démocratie. Leur étude a pu ainsi apporter une évidence empirique í des préoccupations déjí soulevées par des chercheurs antérieurs.
Prenant en compte tout ce qui précède, les gouvernements africains doivent maintenir la croissance de leurs économies et garantir une participation adéquate de leurs peuples aux processus de prise de décisions. En outre, ils doivent surmonter les contraintes relatives au fonctionnement du gouvernement, faciliter la tenue d’élections compétitives, et promouvoir la liberté de la presse ainsi que d’autres indicateurs de la gouvernance démocratique.
En marge des célébrations du Jubilée d’Or en mai 2013, l’Assemblée de l’UA a pris une variété d’engagements. En matière de paix et de sécurité, les Etats Membres de l’UA se sont engagés í poursuivre, et même í renforcer, les normes de non-indifférence et de transfert pacifique et démocratique du pouvoir. Certaines de ces déclarations portaient sur la nécessité d’institutionnaliser l’AAPS tandis que d’autres étaient directement liées í sa mise en Å“uvre.
En rapport avec l’institutionnalisation, l’Assemblée en a appelé au renforcement de l’AAPS. Elle s’est engagée í mettre en place un Réseau Panafricain des Sages (Pan-Sages) devant rassembler le Groupe des Sages de l’UA et les initiatives similaires opérant au sein des CER et au-delí . Cette coordination pourrait contribuer í résoudre certaines des difficultés relatives í l’opérationnalisation du Groupe des Sages au niveau continental. L’Afrique a besoin d’un grand réseau de femmes et d’hommes de haut niveau capables de dialoguer avec une variété d’acteurs dans des situations de conflit. Un dialogue continu avec la société civile, les partis d’opposition, les groupes marginalisés, les fonctionnaires publics et les autorités politiques – dans une perspective de prévention des conflits – est important en vue d’endiguer la montée des disputes au sein des Etats. Bien sí»r, le Pan-Sages de l’UA devra collaborer avec les autres organes de sages au niveau des différentes régions, puisque cette structure est sensée renforcer la capacité du continent dans son ensemble.22
L’Assemblée a également pris la décision de mettre en place un mécanisme transitionnel pour une force de réaction rapide, la Capacité Africaine de Réponse Immédiate aux Crises (CARIC). Cette dernière est conçue comme une force permanente de 5 000 hommes, comprenant des groupes de bataille tactique de 1 500 soldats et pouvant être déployé en moins de 10 jours.23 Cette décision parait nécessaire en tant que stratégie d’institutionnalisation de l’AAPS; mais elle peut aussi être considérée inutile. Sans nul doute, l’Afrique a besoin d’une capacité rapide et réactive des «capacités militaires/policières, des mécanismes de soutien et de renforcement, d’équipements et de ressources»24 en vue de pouvoir répondre aux situations urgentes de conflit. La FAA, conçue comme un objectif de l’Union en 2002, et prévue pour 2010, ne saura pas être opérationnelle d’ici 2015. Cependant, sa Capacité de Déploiement Rapide (CDR) était censée avoir un délai de déploiement de 30 jours, la fonction même d’une capacité de réponse d’urgence. A cet égard, l’on peut dire qu’un cadre institutionnel de l’UA pour un déploiement rapide est déjí en place. Le délai original de la FAA peut donc être considéré comme exceptionnellement ambitieux. C’est donc sans surprise que la tí¢che de construire et d’intégrer des brigades au niveau régional s’est avérée difficile. Une décision de mettre en place un mécanisme transitionnel en attendant l’établissement de la FAA-CDR non seulement crée la confusion mais aussi amène de l’incertitude.
La mise en place de la CARIC s’inscrit dans une nouvelle tendance en ce qui concerne les interventions militaires africaines: des forces de coalition avec des mandats ambitieux pour la protection des civils et cherchant í rétablir la paix lí oí¹ il n’en existe aucune. Premièrement, il y a l’Initiative de Coopération Régionale pour l’Elimination de l’Armée de Résistance du Seigneur (ICR-LRA) comprenant la RCA, la RDC, le Soudan du Sud et l’Ouganda, avec l’appui des Etats-Unis d’Amérique. Deuxièmement, il y a la Résolution 2098 (2013) du Conseil de Sécurité de l’ONU créant, sous le chapitre VII de la Charte de l’ONU, une force spéciale d’intervention chargée de neutraliser et de désarmer les rebelles congolais et les groups armés étrangers opérant en RDC. La Force d’Intervention n’est pas une idée née í New York, mais plutôt une initiative africaine émanant du Cadre de Coopération pour la Paix et la Sécurité pour la RDC signé par les pays de la région des Grands-Lacs en février 2013. Le Cadre est endossé par la Conférence Internationale sur la Région des Grands-Lacs (CIRGL), la Communauté de Développement d’Afrique Australe (SADC) et l’UA. Ces deux interventions servent d’indication que les gouvernements africains sont disposés í intensifier l’application de la norme de non-indifférence. Bien sí»r, compte tenu du délai observé en ce qui concerne la FAA-CDR, l’UA semble adopter une perspective proactive et, dans ce contexte, la CARIC peut offrir une opportunité en vue de mettre fin aux intrusions extérieures fustigées au cours des derniers mois. Un exemple í cet égard est l’intervention militaire de la France – Opération Serval – qui fut déployée au Mali un jour seulement après la prise de la ville de Konna par les forces islamistes le 10 janvier 2013 alors que la Résolution 2085 (2013) du Conseil de Sécurité de l’ONU adoptée le 20 décembre 2012 avait déjí autorisé le déploiement sous l’égide africaine d’une Mission Internationale d’Appui au Mali. Toutefois, l’ICR-LRA et la Force d’Intervention en RDC sont des opérations ad hoc, conçues en dehors du cadre de l’AAPS.
L’accord sur la mise en place de la CARIC a suscité un débat engagé entre les Etats Membres de l’UA, avec certains d’entre eux émettant des réserves en ce qui concerne les coí»ts associés í l’initiative. D’autres ont voulu en savoir davantage sur le pouvoir additionnel que l’établissement de cette structure confèrerait í la Commission de l’UA (qui serait responsable de son commandement et de son contrôle) sur les CER/MR, tandis que d’autres encore cherchaient í comprendre ses implications politiques. L’Ethiopie, l’Afrique du Sud et l’Ouganda ont été les premiers í déclarer leur appui í la CARIC.25 Ces mesures, quoiqu’actuellement nécessaires, pourront cependant s’avérer difficiles et dangereuses dans l’avenir. Ces nouveaux arrangements pourraient être susceptibles í d’autres dynamiques, notamment les intérêts des hégémonies régionales et des puissances internationales.
Une difficulté envisageable est que, malgré les promesses faites par l’Assemblée de l’UA de faire des contributions volontaires exceptionnelles au Fond pour la Paix de l’UA et pendant que les Etats Membres continuent í explorer les voies pour mettre en Å“uvre les recommandations contenues dans le rapport soumis par le Panel de Haut Niveau sur les Sources Alternatives de Financement de l’Union Africaine au niveau national, l’UA continuera encore í dépendre, pour un certain temps, du financement extérieur. A présent, l’UA dépend de donateurs (extérieurs) pour la plus grande partie de son budget, í concurrence notamment de 97% pour ses programmes et 56% pour son budget administratif. En plus, bien que les Etats Membres aient majoré leurs contributions budgétaires, les partenaires ont fait de même. Dans l’entre-temps, les arriérés des membres de l’UA s’évaluent í US$72.4 million.26 Dans le passé, les opérations de paix dépendaient largement d’un petit nombre de pays qui y contribuaient des troupes et faisaient face í de sérieux déficits d’appuis logistiques et techniques. Il y a forte possibilité que des problèmes similaires de ressource et de coordination apparaissent dans le cadre de la CARIC. La décision de mai 2013 insiste sur le fait que les gouvernements africains seront responsables du financement de la CARIC. Il n’est pas encore clair si le financement de cette nouvelle force se fera í partir des fonds prévus pour l’opérationnalisation de l’AAPS ou encore si la CARIC finira aussi par être financée par des fonds extérieurs.
En tant que partie intégrante des célébrations du Jubilée d’Or, les Etats Membres de l’UA se sont engagés í formuler l’Agenda 2063 – une vision du continent sur les 50 prochaines années. Ce projet, quoiqu’important, parait difficile. Il y a possibilité que toutes les questions liées í la démocratie, í la gouvernance et au développement soit inclues dans cet agenda. Il y donc risque qu’il devienne un autre exercice dressant une liste impossible d’objectifs concomitants et sans hiérarchie.
Néanmoins, l’Agenda 2063 offre l’opportunité de rappeler trois objectifs principaux aux preneurs de décisions. Premièrement, l’Afrique ne sera jamais en paix avec elle-même sans l’égalité horizontale et verticale. A cet effet, les prochaines décennies devront être employées pour renforcer la culture de la pratique démocratique et créer des opportunités économiques égalitaires. Deuxièmement, la paix en Afrique dépend de la capacité du continent í tenir ses propres promesses. Une série d’actions encourageantes en termes d’idéaux démocratiques a déjí été entreprise et une dynamique semble désormais s’imposer. Cependant, bon nombre de réalisations faites au cours des décennies passées sont présentement en recul face í l’émergence de pratiques non-démocratiques et aux limitations introduites sur la participation populaire et les libertés civiques et politiques. Les membres de l’UA devront s’atteler í transformer leur rhétorique en engagement en vue de réaliser des pratiques démocratiques dignes de foi. C’est í ce seul prix que d’autres acteurs, aussi bien sur le continent qu’ailleurs commenceront í prendre l’UA au sérieux. Enfin, les gouvernements africains doivent inscrire leurs actions dans une perspective de long terme. Les dirigeants africains actuels gouvernent des Etats qui ont acquis leur indépendance grí¢ce aux efforts d’hommes et de femmes qui, pour la plupart, ne sont plus en vie. Les dirigeants, les activistes, les décideurs et autres gestionnaires actuels ne seront peut-être pas présents aux célébrations du centenaire de l’UA. C’est pour cette raison qu’ils devront chercher í réaliser le bien-être des générations futures au lieu d’être obsédés par les circonstances présentes et la préoccupation de garantir leur contrôle sur le pouvoir.
Cette RPP formule un nombre de recommandations – notamment ériger des sociétés égalitaires; observer les normes de l’UA en matière de paix et de démocratie; et s’inscrire dans la perspective de long terme – en guise de contribution auprès de différents acteurs í la formulation de l’Agenda 2063. Lesdites recommandations sont détaillées ci-dessous.
L’Agenda 2063 de l’UA devra renforcer l’égalité parmi les différentes identités et secteurs sociaux. Pour ce faire, d’importantes mesures économiques, sociales et politiques doivent être prises.
Les gouvernements africains devront:
Accélérer la domestication des instruments africains relatifs au genre, y compris la signature et la ratification du Protocole de la Charte des Droits de l’Homme et des Peuples relatif aux Droits des Femmes en Afrique ainsi que l’application de ses stipulations, et en particulier celles qui concernent les droits égalitaires sur le mariage, l’héritage, la sécurité, l’éducation, le logement et les conditions de travail. Il est évident que l’inégalité des genres non seulement asservit les femmes et les filles mais aussi retarde le développement de toute la société. Elle retarde la croissance économique de la nation, asphyxie la productivité, crée l’insécurité, promeut la violence, perturbe la santé de la population et réduit le cercle des travailleurs instruits.
Accorder priorité aux efforts de réclamation des ressources naturelles pour le plein bénéfice de tous les Africains. A cet effet, la priorité devra se focaliser sur la création de meilleures conditions de vie, y compris í travers l’amélioration et la multiplication des opportunités d’agriculture í petite échelle, les emplois dans le domaine de l’infrastructure, les petites entreprises et le commerce intra-africain. Pour un continent capable de se nourrir et même de nourrir une grande partie du monde, il est impardonnable qu’un Africain sur quatre soit malnutri.
Consolider et affirmer l’avantage économique comparatif de l’UA chaque fois que les gouvernements africains négocient avec leurs partenaires extérieurs tels que l’Union Européenne, mais aussi au cours de discussions bilatérales avec les agences et multinationales indiennes, chinoises et américaines. Des efforts ont été fournis en vue de coordonner les politiques de commerce. Cependant, les négociations devront désormais être plus transparentes et les accords signés devront également être largement vulgarisés. Dans le même ordre d’idées, une meilleure réglementation et un contrôle efficace favoriseront la transparence et la responsabilité de la part des sociétés multinationales. L’extraction du pétrole et des minerais ainsi que la vente des propriétés foncières devront être faites avec beaucoup de transparence et la corruption endémique devra être éradiquée.
Augmenter l’appui aux secteurs agricoles í petite échelle, de l’éducation et de la santé dans les différents pays et garantir un accès équitable í tous. Ces secteurs sont susceptibles d’apporter une grande différence dans la vie de la fille, de la femme, du garçon et de l’homme africains et devront être mis í contribution í cause de leur potentiel d’assurer la sécurité alimentaire et le développement humain.
La société civile devra:
S’efforcer de former plus d’Africains í une culture collective de contrôle sur l’usage, la distribution et la préservation des ressources économiques, environnementales et politiques. En vue de s’assurer une légitimité verticale et horizontale, les organisations de la société civile (OSC) africaine devront établir des mécanismes vibrants de coopération au niveau régional, national et local avec des organisations communautaires de base, des institutions et des structures traditionnelles ainsi que d’autres acteurs locaux. Les valeurs normatives des droits de l’homme aux niveaux régional et national pourront être répandues davantage tandis que les intérêts, points de vue et énergies de la base pourront contribuer í l’émergence d’une participation civique allant de la base au sommet.
Soutenir les petites et moyennes entreprises africaines. Ceci sous-entend l’engagement d’institutions gouvernementales et la contribution au travail de développement économique í travers la promotion de la construction des infrastructures, la provision des marchés pour les petits fermiers, la mobilisation de la sécurité communautaire pour les femmes et les hommes, le renforcement des échanges et du commerce intra-régionaux et l’établissement de partenariats avec le secteur privé. Les syndicats, les coopératives et autres groupes d’intérêt socio-économique de la société civile doivent rajeunir leurs membres, adopter des approches systématiques et í jour ainsi qu’adopter de nouvelles idées propices í l’émergence d’opportunités égalitaires.
Les normes de l’UA en matière de paix et de sécurité requièrent une culture démocratique enracinée. Les dirigeants africains doivent affirmer des institutions qui, dans la plupart des cas, existent déjí . Quand bien même ces institutions sont basées sur des codes et des règles clairs, elles doivent être gérées par des peuples et des dirigeants motivés par le sens de l’honneur et la détermination de marquer l’histoire.
Les gouvernements africains devront:
Mettre en place des facteurs de motivation censés renforcer et non pas atténuer la pratique démocratique. Lesdits facteurs de motivation devront être conçus par des personnalités créatives et influentes recrutées au sein du secteur public et privé. En outre, les dirigeants politiques devront s’abstenir de punir toute opposition incontrôlable (ou tout simplement indépendante) par la violence ou encore d’arrêter ou d’humilier les opposants, de se servir de ressources de l’Etat sans scrupules, de censurer la presse ou encore d’adopter des lois allant í l’encontre des principes fondamentaux de pratique démocratique. Les partis politiques au pouvoir doivent reconnaí®tre que la compétition (démocratique) peut, de manière ultime, mener í leur destitution du pouvoir.
S’assurer que les autorités chargées de contrôler les autres institutions, telles que l’organe en charge de l’organisation d’élections ou encore d’interpréter la constitution, ne dévient pas de leurs obligations démocratiques. Dans le même ordre d’idées, les juges, les présidents des commissions parlementaires, la police, les chefs de l’armée et toutes les autres personnalités-clés devront être sélectionnés sur base de mérite et non pas de leur penchant politique ou leur susceptibilité í l’influence.
La société civile devra:
Devenir un intermédiaire pour la formation d’une population suffisamment informée, capable d’exercer ses droits et obligations démocratiques. La société civile devra continuer í se prononcer contre les pratiques non-démocratiques et í utiliser les nouvelles technologies – les medias sociaux, l’internet et les autres sources – non seulement pour la mobilisation, mais plus particulièrement pour l’éducation.
L’UA devra vite s’engager dans un processus de consolidation de ses propres mécanismes de gouvernance, de développement, de paix et de sécurité. Le champs de travail de l’organisation continentale continue í s’étendre sans que des ressources conséquentes ne soient allouées par les Etats Membres. En l’absence d’un capital financier et humain adéquat, il ne pourra y avoir de solutions «africaines». Ceci devrait, par-dessus tout, encourager l’UA í renforcer la capacité continentale de mobilisation, d’allocation et d’utilisation de ressources.
Les gouvernements africains devront:
D’ici 2063, être en mesure de financer eux-mêmes leurs institutions de gouvernance, de paix et de sécurité. La nécessité pour ce faire a déjí été clairement articulée aussi bien par l’UA que par ses Etats Membres. La vérité, cependant, est que l’indépendance budgétaire totale devra commencer au niveau des Etats, ce qui sous-entend que ce processus prendra un long moment avant de se concrétiser. Toutefois, si les Etats africains parviennent í progresser – comme le prédisent certains dirigeants africains – vers le développement, voire í s’aligner parmi les pays í revenu intermédiaire, cet objectif sera alors devenu possible. Ceci nécessitera une assiette fiscale croissante et prévisible; une mobilisation de revenue domestique efficace; la capacité étatique í réglementer et í taxer les industries extractives, parmi tant d’autres actions. Avant tout, cependant, ce processus requiert l’existence d’institutions équitables, efficientes et crédibles. Le succès dépendra de la volonté et de l’engagement des dirigeants du continent í vouloir travailler ensemble en vue de la réalisation de ces objectifs. C’est seulement í ce prix que l’UA sera en mesure d’arracher son indépendance financière vis-í -vis des donateurs extérieurs.
Les acteurs de la société civile devront:
S’atteler í résoudre les problèmes environnementaux, économiques et sociaux í la base – dont certains nécessitent des interactions entre les milieux académiques, les communautés, les institutions médiatiques et les praticiens des organes de media ainsi que le secteur privé. En lieu et place d’une préoccupation rigide sur des intérêts particuliers, les organisations non-gouvernementales (ONG) africaines et les autres groupes communautaires de base devront formuler un mécanisme plus large et plus inclusif pour venir í bout des obstacles économiques et sociaux du continent. En termes clairs, il sera question de conjuguer les efforts avec les autres et d’acquérir des connaissances sur l’environnement, le commerce et l’économie politique ainsi que de travailler avec ceux qui détiennent de l’expertise dans ces domaines. A cet effet, de larges mouvements peuvent être initiés et soutenus í travers la collaboration, le partage de connaissances, la mobilisation conjointe et en travaillant de manière collective.
Il sied de reconnaí®tre que les gouvernements africains ont accompli un travail significatif en établissant la nouvelle AAPS. L’on se souviendra qu’en 2002, í la veille du lancement de l’UA, bon nombre d’observateurs remettaient en cause la capacité de la nouvelle organisation de transcender la culture de non-intervention caractéristique de l’OUA, ou encore étaient sceptiques quant í la valeur et la capacité de nouvelles structures légales et institutionnelles í mettre en place une organisation intergouvernementale centrée autour du peuple. Le travail de l’AAPS, tel qu’accompli par le CPS, ne cesse de surprendre plus d’un. A ce jour, l’UA continue í s’imposer comme un acteur important en matière de paix et de sécurité régionales ainsi que dans les efforts de promouvoir les valeurs et les normes de paix, de démocratie et de développement.
Pourtant, le continent continue encore í faire face í plusieurs défis, et ce malgré la croissance économique récente et les efforts visant í minimiser les dimensions économiques, sociales, politiques et environnementales des conflits. A moins que la croissance économique actuelle se maintienne et que les bénéfices de ladite croissance soient distribués de manière équitable, il y a forte possibilité que la population juvénile africaine devienne instigatrice de crises au lieu d’être une opportunité de progrès. Le non-respect des délais dans la mise en Å“uvre des promesses de l’UA signifie que l’organisation continuera í perdre du temps précieux et des ressources. Sans une gouvernance démocratique profonde et plus consistante, les gouvernements africains courent le risque d’aggraver les conflits au lieu de consolider la paix.
Cette RPP a formulé un nombre de recommandations focalisées sur trois objectifs principaux – construire des sociétés égalitaires; observer les normes et règles de l’UA en matière de paix et de démocratie; et travailler dans une perspective de long terme. Bien sí»r, ces objectifs ne sont pas nouveaux; ils apparaissent déjí dans les documents et autres engagements de l’UA. Cependant, en anticipation í l’Agenda 2063 et dans le contexte des demandes multiples et changeantes des ressources, du temps et de la volonté politique, ces objectifs devraient constituer la base des futures priorités de l’UA. Ils sont censés servir de rappel des enjeux de l’heure et d’appel í la mobilisation et í l’action.